Jérôme Barbe Fontaine

Jérôme BARBE, né à Suresnes en 1974, vit et travaille à Paris. 

Le dessin quotidien, la performance et la photo sont parties intégrantes de son travail. 

Il obtient son Diplôme national supérieur d’arts plastiques en 1999 au sein de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris aux côtès de Didier Semin et Joel Kermarrec. Il a bénéficié de la bourse Collin-Lefranc pour étudier la photo à l’ANU School of Art & Design de Canberra dans l’atelier de Martyn Jolly, et la performance à l’Australian National University Sydney College of the Arts (direction David Williams). 

Il expose régulièrement ses oeuvres en France (Centre d’art d’Evreux, Galerie Dubois à Paris, CAUE de Limoges, CALF à Beauquesnes, Salon MAD à la Monnaie de Paris, Piscine Molitor…). 

Il est Lauréat du réseau ASTRE – DRAC Nouvelle Aquitaine en 2019, de la DRAC Hauts de France en 2021 au sein du collectif Terrain de jeux – qu’il a fondé en 2018 aux côtès de Fred Maillard et Franck Léonard. 

Il intervient au sein d’ateliers qu’il organise pour aller à la rencontre de publics variés. 

Il fait également des perfomances depuis 1997 en tant que Jeremy Lyghton ou au sein des Maniaco-esthétiques depuis 2013 aux côtés d’Eugènie Bachelot Prevert (Pavillon Vendôme Clichy, Salon du Livre, Galerie Rue Française à Paris…).  

Il travaille régulièrement en tant que directeur de création pour les principaux acteurs du secteur philanthropiques français (Institut Pasteur, WWF, Unicef, Fondation de France, Mémorial de la Shoah…) depuis 2003.


Jérôme Barbe explore le dessin (en solo ou en collectif), la performance, a photographie et l’installation comme moyen de déployer son univers, afin de le partager sous forme d’expériences additionnelles, proposant des dispositifs ou des performances (souvent collectives comme lors de la formation “Maniaco-esthétiques” avec Eugénie Bachelot Prévert et Franck Léonard) où la durée s’impose comme véritable sujet afin d’étendre le champ d’un réel friand de tout retournement esthétique. 

Jérôme Barbe a produit un grand nombre de carnets de dessins réalisés à vue, à plus ou moins grande vitesse. L’artiste dit ne jamais avoir le temps. Tout pressé qu’il est, il a tout de même produit une vingtaine de carnets en un peu plus de deux années, sur trois continents, allant du croquis rapide au dessin plus poussé, dont certains terminent leur course dans ce qu’il nomme La boîte Noire, au cas où il arriverait quelque chose… Ensuite, parfois bien plus tard, certains dessins sont mis sur la table d’opération, disséqués, et Jérôme Barbe en prélève certains éléments qu’il combine avec d’autres, re-déployant ainsi un répertoire de formes et de signes, tous passés au crible numérique de logiciels d’exagération picturale. Des Vocabulaires de paysage, donc, titre éponyme d’une exposition de ses oeuvres à la Maison des Arts d’Évreux en 2017 (sur proposition originale d’Emilie Gomis et avec Anne Jaillette – directrice de la Maison des Arts d’Évreux – commissaire d’expo). L’aspect sériel et la progressivité du travail pourraient laisser penser que celui-ci procède principalement d’une d’abstraction allant du dessin au signe, du signe au glossaire et du glossaire à la phrase. Ce n’est évidemment pas une fausse piste. Mais par la nécessité de rapidité, ou d’urgence, dès la phase première, par la volonté de Jérôme Barbe de privilégier l’efficacité du saisissement de la sensation dans ce qu’elle a de fugace sur une recherche de virtuosité technique, il apparaît que l’opération de dessin initiale possède déjà une dimension d’écriture, telle une sténographie. Si le processus vise ensuite l’élaboration d’un autre système d’écriture, il est cependant notable que chaque étape est toujours marquée par une plasticité évidente, volontaire, qui paradoxalement maintient le travail tout le long dans le champ de la peinture, fut-elle déambulatoire ou dilettante. Dans tous les cas toujours mobile et très habitée. 


Anne Jaillette Directrice du centre d'art d'Evreux – Maison des Arts Solange-Baudoux


Bonsoir et bienvenue à tous et que cette année vous soit belle et qu’elle porte haut tous vos projets.

Nous avons le plaisir d’accueillir aujourd’hui les œuvres de Jérôme Barbe.

L’année commence bien, elle commence ici sous le signe du dessin et de la couleur, des sons, du mouvement, du partage et de l’improvisation. C’est un départ très riche, prometteur…

Dialogue, vocabulaire de paysage et puis, juste après, sur la même ligne, la question posée par Jérôme Barbe : Qu’est ce qu’un carnet ?

C’est en imaginant le lieu des galeries comme un carnet grand ouvert qu’il a inscrit cette proposition comme fil rouge pour le projet de son exposition.

Vocabulaire, dictionnaire ne donnant que les mots essentiels, les signes et les couleurs pour dire le paysage, sous tendu par le temps intime, le temps de rien, le temps interne, celui qui arrête le flux infernal et appauvri, encombré, de nos vies pratiques. Celui qui laisse ouvert l’incertain, le risqué.

Le temps de l’incertitude.

Tension nerveuse et apaisée en même temps, tout mélangé ensemble, temps de celui qui décide un jour d’ouvrir un carnet de dessin, d’ouvrir l’immense du vide, grand blanc de la feuille, ce grand lisse du blanc.

Le temps de celui qui s’en va, pas si loin en fin de compte, mais à l’endroit où l’on ne sait plus tout à fait, où l’on découvre ou redécouvre, où l’on apprend, toujours en regardant ce qui se passe tout simplement devant soi.

Là où avec le trait et l’eau colorée, se questionnent, se cherchent, se retiennent les milliers de connexions de formes et de lumières qui font signes, et entrent dans le champ d’attention de l’artiste.

Car qu’est ce que le dessin, la peinture si ce n’est ce désir de retenir ce qui nous échappe, désir de retenir cette image-vie, fugace, pétrie d’ombres et de lumières, désir de retenir ce moment-vie déjà transformé, passé, comme un habit tombé et toujours l’annonce d' une nouveauté toujours en mouvement, en avance.

Re-venir,

Re-voir,

Re-vivre,

L’image – innée

Réactiver ce désir encore une fois, mille fois.

Lorsque la croisée se fait entre l’œil de celui qui regarde et l’œuvre de celui qui a attrapé là , à cet instant, avec un peu d’eau et de pigment, une part de l’espace et du temps, une forme, une lumière passée au tamis de la poétique interne de l’artiste -lien, l’artiste – monde, l’artiste-paysage.

Merci Jérôme Barbe.